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[RENCONTRE] Guillaume Mazille et Marie Schneider, Les Photographes de l’impossible [1/2]

J’ai eu la chance de rencontrer, le temps d’une soirée, un jeune couple de photographes hors du commun. Leur passion pour la nature et la photographie les pousse à traverser montagnes, forêts et océans à la recherche de l’extraordinaire.

Les photographes de nature m’ont toujours passionné et inspiré. D’abord épaté par leur courage parfois dans des milieux extrêmes, je le suis encore plus lorsque ces derniers utilisent des cadrages ou des techniques originales.

Depuis plus de 10 ans, Guillaume et Marie ont donc parcouru une partie du globe pour observer la nature et dénicher des comportements animaliers incroyables. Le couple travaille avec des journaux comme VSD, Paris Match, image doc, GEO ado, ou encore Terre Sauvage, BBC Wildlife magazine…

 

Ces amoureux de la nature travaillent seuls et un peu à l’ancienne :

« On veut montrer qu’avec de petits moyens on peut faire de grandes choses. Nous tirons notre satisfaction du fait que nous réalisons tout ça avec un minimum d’argent, de dépense d’énergie et un minimum d’impact négatif tant sur le plan social qu’écologique.»


Dans les deux articles qui vont suivre, je vais donc exposer quelques travaux effectués par ce couple d’aventuriers.

 

Nuit torride chez les grenouilles (Guyane).

Le couple a passé deux ans dans ce département français, afin d’observer un comportement de grenouilles rarement photographié.

En effet, chaque année, et exclusivement une seule nuit par an, 4 espèces de grenouilles se reproduisent. C’est le seul moment où elles peuvent être aperçues sans difficultés.

Pendant plusieurs heures, sous une pluie battante Guillaume (au Canon 20D) et Marie (au flash déporté) ont assisté à ce phénomène extrêmement bruyant pouvant atteindre 105 Db (le risque de surdité intervient à partir de 120 Db). Même équipés de boules Quies, les croassements étaient encore perceptibles. Après cette «nuit torride», les cris stridents de la veille ont provoqué chez nos photographes des nausées, vertiges et vomissements pendant 48H dûs à leur oreille interne complètement déboussolée!

Etre capable de photographier dans des conditions difficiles (nuit, pluie, boue, serpent, bruit) tout en réfléchissant aux différents réglages boitiers et flash, je dis «chapeau» ! ;-)

Voici quelques images de ce reportage :

Rassemblement massif de grenouilles hyla minuta. Une nuit par an, lors de la premiere grosse pluie de l'annee, ces grenouilles se regroupent autour de points d'eau afin de s'accoupler. Cette strategie de reproduction est appelee explosive breeding. Plusieurs milliers de grnouilles sont presentent durant l'evenement; le chant strident qu'elles emettent se diffuse sur plusieurs km en foret et atteind une puissance de 110 decibels au milieu de la mare. Ce rassemblement massif durant un temps tres court permet un brassage genetique important d'une part et une saturation de l'impact des predateurs d'autre part.

 

hyla minuta saute sur la surface de l'eau pour echapper aux predateurs aquatiques. guyane

 

hyla minuta en accouplement

 

predation d'une chauve souris qui attrape ses proies a la surface de l'eau

 

chanteur de crapaud cornu (ceratophrys cornuta), hyla minuta cherchant a s'accoupler.... guyane

phylomedusa tomoperna, marchant sur une branche . guyane

 

portrait de phyllomedusa tomopterna sur une branche, guyane

 

portrait de rainette coriace (phrynohyas coriacea)chantant (2 sacs vocaux) , grenouilles arboricole descendant une nuit par an pour se reproduire. guyane

Tetard de phyllomedusa tomopterna, amazonie, guyane

 

Accouplement de phyllomedisa tomopterna. Le male monte sur la femelle. Celle-ci descend au bas de la feuille et commence a pondre. Au fur et a mesure de l'amplexus, elle referme la feuille derriere elle, a l'interieur de laquelle sont deposes ses oeufs. Les futurs tetard se develloppe pendant quelques jours a l'interieure d'une gelatine protectrice avant de tomber directement dans l'eau au dessous d'eux.

 

fourmi ponera face a un jeune crapaud buffle ( bufo marinus)

Matériel utilisé :

Boitiers EOS 20D

28-135mm f/3.5-5.6 IS USM

Sigma 150mm Macro

 

Marie Schneider

 

 

Le royaume des peuples obscurs (Burkina Faso).

Un reportage sur les termites et les fourmis d’Afrique de l’ouest, à 40 km de la frontière malienne. Les termites occupent une place importante dans la culture africaine, puisque, quand vient la saison des pluies, elle sont mangées par la population qui donne une fête dans le village.

Voici leur histoire :

termitiere cathedrale construite par des macrotermes bellicosus, elles peuvent atteindre une trentaine d’années, burkina faso

 

hippopotame dans un lac burkina faso

 

cameleon attrappant une termite (macrotermes bellicosus) ailee lors d'un essaimage, burkina

 

larve termite (macrotermes bellicosus) circulant dans un des innombrables tunnel de la termitiere cathedrale. , Burkina Faso

 

loge royale de la termitiere. espece macrotermes bellicosus. Au centre la reine mesurant plus de 10 cm de long, en haut a droite le roi, entourés d'ouvrières qui tournent toutes dans le meme sens. En bas de l'image, trois tas d'oeufs.

loge royale de la termitiere. espece macrotermes bellicosus. Au centre la reine mesurant plus de 10 cm de long, entouree d'ouvrieres qui tournent toutes dans le meme sens. En bas de l'image, trois tas d'oeufs. Burkina Faso

 

Portrait de la reine termite (macrotermes bellicosus). Son abdomen mesure plus de 10 cm de long, elle pond un oeuf toute les seconde. Une petite larve lui rend visite la nourrissant par trophalaxie. Burkina Faso

 

image composite représentant l'envol des ailées termites lors de l'essaimage, burkina faso

gros plan de la tete d'un soldat fourmi magnan. Burkina Faso.

 

combat entre une fourmi magnan et une termite soldat (macrotermes bellicosus). Burkina Faso

 

grappe de fourmi magnan. Burkina faso

 

grappe de fourmi magnan. Burkina faso

Je laisse Guillaume et Marie décrire l’attaque de la fourmilière lors de la recherche de la reine  :

 

«Photographier de tels comportements est très compliqué. Les fourmis vont dans tous les sens. Il est alors impossible d’installer le matériel sans se faire dévorer. Dans ce genre de cas, les fourmis sont très agressives et n’épargnent personne. Encore une fois nous nous faisons harceler et rares sont ceux qui ne terminent pas en caleçon pour pouvoir s’enlever les magnans qui les mordent.

Hier, le chef du village de Taga a repéré un nid de magnans au bord de la route. Situé à 60 km de Banfora, nous nous équipons pour braver la fourmilière et photographier la reine. La colonie a élu domicile sous la souche d’un arbre. A la nuit tombée, l’extraction peut commencer. Nous défrichons les alentours afin de mieux observer le déplacement éventuel. En moins de 5 min, un tapis de magnan s’étend  sur un rayon de dix mètres autour de nous, pour répondre à l’agression. Face au danger, leur technique est simple, établir une distance de sécurité maximale entre nous et ce qui a le plus d’importance pour la colonie : la reine. La nuit totalement tombée, les lampes alimentées sur groupe électrogène prennent le relais. Le but est donc désormais de rester le maximum de temps, jusqu’à ce qu’on assiste à la fuite de la reine. A minuit, un semblant de colonne de déménagement commence à se former. Il faudra attendre le lendemain 4h du matin pour que le flux commence à évacuer les 10 millions de magnans logées sous l’arbre. Entre temps les choses se sont compliquées. Le groupe électrogène s’est arrêté, nous laissant dans le noir, à la merci des magnans.  Nous ne tenons pas longtemps, très vite la situation devient ingérable. Notre intrusion dans leur environnement provoque chez les fourmis, une réaction de défense qui les pousse à se mettre en grappe compacte devant les galeries à découvert. Au bout de 20 min, chaque brin d’herbe, branche, caillou est recouvert d’un épais tapis de fourmis. Situées dans les arbres au dessus de nos tête, les fourmis s’agglutinent les unes aux autres et tombent sur nous, notre appareil photo, sacs à dos, elles sont omniprésentes. Elles s’agrippent à tout ce qu’elles peuvent et mordent sans relâche, partent dans toutes les directions, mandibules en avant, en mordant tout ce qui passe. Les insectes montent sur les chaussures, mordent les mollets, colonisent les sacs, les appareils photo… La pression est telle que nous reculons face à l’envahisseur. Mais le mal est fait, des dizaines de magnans s’accrochent aux ourlets, mordent les chevilles remontent jusqu’au caleçon. La suite des évènements se termine par un strip-tease général, chacun essayant tant bien que mal de retirer ses vêtements pour en défaire les assaillants.

Une fois les mandibules dans la chair, il est très dur de les décrocher. Les attaques sont foudroyantes.»


J’adore ce reportage, et surtout l’originalité des éclairages obscurs. Notez également l’utilisation de gélatines de couleur, chose que l‘on voit très peu sur ce genre de reportage.

Merci pour vos commentaires. La semaine prochaine, ne ratez pas les prochains reportages de Guillaume et Marie.

 

Guillaume Mazille a sorti un livre sur les baleines disponible sur vos sites marchands préférés :

http://livre.fnac.com/a1727531/Guillaume-Mazille-Baleines-aux-premiers-jours

http://www.amazon.fr/Baleines-premiers-jours-Guillaume-Mazille/dp/2350080056/ref=ntt_at_ep_dpt_2

 

Plus de détails sur les reportages abordés ici :

http://www.ektadoc.fr/MAZILLE_SCHNEIDER/grenouilles_guyane.html

http://www.ektadoc.fr/MAZILLE_SCHNEIDER/termites.html

 

Contact (propositions commerciales uniquement) :

mazprod@yahoo.fr

06 74 39 20 84

 

Pour les questions techniques merci d’utiliser le module de commentaires ci-dessous :

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  1. [RENCONTRE] Guillaume Mazille et Marie Schneider, Les Photographes de l’impossible [2/2]
  2. [NEWS] Les loups pêcheurs par Guillaume Mazille et Marie Schneider

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3 réactions

19.09.11

impressionnant ! magnifique

19.09.11

Superbe !

19.09.11

Un thème original sur ton blog, qui change et qui est très intéressant, un grand bravo aux deux explorateurs de l’infiniment petit.

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